Publicité

Réfugiés : l’Europe en pleine schizophrénie

Les Européens sont profondément partagés entre leur devoir d’accueil des réfugiés et la tentation de fermer leurs frontières. Les dirigeants des Vingt-Huit vont tenter de trouver la meilleure voie à suivre.

021705103913_web.jpg
Le Conseil européen de jeudi et vendredi reflétera la schizophrénie ambiante de l’Union au sujet de la question des réfugiés

Par Catherine Chatignoux

Publié le 17 févr. 2016 à 18:33

« Nous avons accueilli 60.000 huguenots persécutés après la révocation de l’Edit de Nantes alors que les Pays-Bas comptaient un million et demi de personnes, raconte le directeur du Rijksmuseum, Wim Pijbes, tandis qu’il commente avec passion les chefs-d’œuvre de Rembrandt. Aujourd’hui que nous sommes 17 millions, on s’inquiète pour l’accueil de 100.000 réfugiés ! »

« Acceptation sociale des habitants »

Les Pays-Bas ont aussi digéré l’arrivée de 30.000 hommes et femmes qui fuyaient la guerre dans l’ex-Yougoslavie au début des années 1990. Mais aujourd’hui à l’image de la plupart de ses voisins européens, le pays, qui préside actuellement l’Union européenne, est méfiant face à cette nouvelle vague de migrants, venus du Proche-Orient. « Le problème n’est pas dans la capacité matérielle de notre pays à accueillir ces réfugiés, mais dans l’acceptation sociale de ses habitants », explique le maire de Rotterdam, originaire du Maroc, Ahmed Aboutaleb. Comme leurs voisins allemands, les Néerlandais balancent entre le devoir d’accueillir des réfugiés de guerre et la crainte de ses retombées en termes culturels.

Le Conseil européen de jeudi et vendredi reflétera cette schizophrénie ambiante . D’un côté, l’Allemagne d’Angela Merkel, qui reçoit l’essentiel du flux d’arrivants, continue à assumer son hospitalité. Elle va plaider une nouvelle fois pour une répartition plus équitable des réfugiés à travers l’Europe et compte demander à certains pays européens d’accueillir directement, sur une base volontaire, davantage de réfugiés installés actuellement dans des camps en Turquie.

Publicité

Un ultime repit

Deux réunions ont déjà eu lieu à ce sujet, sans résultat. Cette fragile « coalition des volontaires » qui rassemble onze pays – dont les Pays Bas, la Belgique, la Suède, la Finlande et la France – devait rencontrer le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, en marge du sommet car la contrepartie de ce geste humanitaire serait d ’obtenir d’Ankara une politique beaucoup plus volontariste pour ralentir le flux « sortant ». Mais ce dernier a annulé sa visite à la suite d’un attentat à Ankara, mercredi soir.

Cette politique d’ouverture cohabite cependant avec une ligne de fermeté qui prend de l’ampleur. L’Autriche, arguant de la saturation de son système d’accueil, a annoncé, mardi, l’introduction de contrôles généralisés à ses frontières avec l’Italie, la Slovénie et la Hongrie en sécurisant 12 points de passage avec ces voisins, y compris par des clôtures si nécessaires. Des quotas journaliers d’entrées seront fixés. Hostiles à toute politique d’accueil, les pays du groupe de Visegrad – Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie – prônent, eux, un verrouillage total de la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Les dirigeants européens devraient d’ailleurs entériner jeudi la décision prise par les ministres de l’Intérieur d’un retour programmé à des contrôles durables aux frontières si, dans les trois mois, la Grèce n’a pas considérablement renforcé ses procédures d’accueil et le renvoi des migrants économiques. Athènes affirme pourtant avoir rempli son contrat en ouvrant dans ses îles 4 des 5 « hotspots » réclamés par ses partenaires pour gérer efficacement les migrants.

Bert Koenders, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, cherchera une voie moyenne qui pourrait se traduire par un ultime répit pour les migrants. Il s’est prononcé contre la fermeture des frontières pour « éviter un effet domino et une situation incontrôlable », plaidant plutôt pour un « contrôle efficace » entre la Grèce et la Macédoine.

Catherine Chatignoux (A Amsterdam)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité