Le Royaume-Uni déclare la guerre fiscale à l’Europe. Lors de la présentation du budget de l’Etat britannique, mercredi 16 mars, George Osborne, le chancelier de l’Echiquier, a annoncé que le taux d’imposition sur les sociétés allait être réduit à 17 % à partir de 2020. Il deviendra ainsi le plus faible de tous les pays du G20 et se rapprochera de celui de l’Irlande (12 %), pays souvent accusé de pratiquer le dumping fiscal.
Le Royaume-Uni poursuit ainsi une politique engagée en 2010, quand les conservateurs sont arrivés au gouvernement. A l’époque, le taux d’imposition était de 28 %. Il est aujourd’hui de 20 % et devait passer à 18 % d’ici trois ans. L’annonce de ce mercredi accentue le mouvement.
« La Grande-Bretagne est passée de l’un des régimes fiscaux pour les entreprises les moins compétitifs au monde à l’un des plus compétitifs », vante M. Osborne, qui en fait un véritable atout marketing dans la promotion économique de son pays.
« La Grande-Bretagne ouvre la voie. Que le reste du monde essaie de nous rattraper ! », s’est-il exclamé.
D’après les calculs du Trésor britannique, la baisse de l’impôt sur les sociétés aura permis aux entreprises d’économiser chaque année en moyenne 15 milliards de livres (19 milliards d’euros) entre 2010 et 2021.
Les coupes budgétaires continuent
Cette politique semble déjà avoir de l’effet : les investissements étrangers sont en nette hausse ces dernières années.
Avec ce cadeau fiscal, le Royaume-Uni se retrouve avec un niveau d’imposition nettement inférieur aux autres pays du G20. Seules la Russie, l’Arabie saoudite et la Turquie s’en approchent, à 20 %. La France est à 33,3 %. Les Etats-Unis sont en queue de peloton, à 40 %.
« Nous ne cherchons pas forcément à devenir une nouvelle Irlande, mais nous pensons que plus le taux d’imposition sur les sociétés est bas, mieux c’est, dit Jim O’Neill, un ancien haut dirigeant de Goldman Sachs, aujourd’hui secrétaire d’Etat chargé du commerce, et proche de M. Osborne. Des études indiquent qu’une imposition plus faible augmente l’investissement et la productivité des entreprises. »
Derrière ce cadeau fiscal, le Royaume-Uni a néanmoins présenté un budget d’austérité. Si les coupes budgétaires sont désormais moins vives qu’entre 2010 et 2015, elles se poursuivent. La marge de manœuvre s’est, il est vrai, réduite ces derniers mois. La croissance britannique ralentit : 2,9 % en 2014, 2,2 % en 2015. M. Osborne a également annoncé une prévision de 2,0 % pour cette année.
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