Sebastian Kurz, le jeune chef de la diplomatie autrichienne, a suggéré ces derniers jours de s’inspirer de l’Australie pour refuser l’asile en Europe aux réfugiés entrés illégalement sur le territoire. Selon cette figure montante du Parti populaire (ÖVP, conservateur), associé aux sociaux-démocrates au gouvernement, l’objectif serait de dissuader les migrants de prendre la route vers l’Union européenne (UE), en complément de l’accord controversé signé avec la Turquie.
Comment comptez-vous convaincre vos partenaires européens de prendre modèle sur l’expérience australienne ?
Nous avons déjà montré que l’Autriche pouvait agir en organisant la fermeture de la route des Balkans. A l’époque, cela avait été largement dénoncé par la Commission, par l’Allemagne et par beaucoup d’autres pays. Or, une semaine après seulement, les vingt-huit chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles entérinaient pourtant notre décision. Le ministre grec des affaires étrangères, qui m’avait beaucoup critiqué aussi, a finalement admis l’effet positif de notre choix, parce que moins de gens ont pris depuis la route de l’Europe par la Grèce et les Balkans. Quand on dit la vérité et qu’on fait des propositions courageuses, on est confronté à beaucoup de réactions, mais les gens changent ensuite d’avis. Et je suis bien naturellement ouvert à d’autres propositions. La seule chose que je ne veux pas, c’est qu’on reste assis les bras croisés à voir l’Europe dépassée par cette crise.
La marine australienne repousse depuis 2013 les bateaux de clandestins et instruit les demandes d’asile dans des camps de rétention sur des îles. C’est ce que vous voulez pour l’Europe ?
Ce modèle n’est pas reproductible dans son ensemble, mais je suis persuadé que nous ne devons pas, en Europe, croire que nous avons résolu la crise des migrants. Si la fermeture de la route des Balkans et l’accord avec la Turquie ont mené à diminuer la pression, nous sommes encore très loin d’avoir trouvé une solution européenne applicable sur le long terme. Il faut empêcher les gens de mourir en mer, mettre fin aux mouvements de migration clandestine. Cela passe par une augmentation de l’aide aux pays d’origine et par un programme de relocalisation donnant la possibilité aux réfugiés de venir directement en Europe, par des moyens légaux.
Mais voudriez-vous, comme l’Australie tente de le faire avec le Cambodge et les Philippines, mettre en place un système de relocalisation des réfugiés, sur une base volontaire, dans des pays tiers ?
Il vous reste 69.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.