« Rien n'est jamais acquis, même les droits les plus essentiels. Il faut se battre, toujours. » A la veille des débats parlementaires européens à Strasbourg, jeudi 16 janvier, les eurodéputés verts et socio-démocrates, ulcérés par le projet de loi restreignant le droit à l'avortement présenté fin décembre 2013 par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, promettaient d'en découdre pour lutter contre ce qu'ils qualifient d'« attentat aux droits des femmes ».
« Le lobbying de groupes ultraréactionnaires qui pratiquent le mensonge comme méthode de conviction est indigne de nos démocraties », s'est insurgée Marie-Christine Vergiat (députée européenne du Front de gauche) lors des débats.
L'initiative espagnole est vue comme une « régression historique » qui fait peur. Selon l'Autrichien Hannes Swoboda, président du groupe social-démocrate au Parlement européen, elle pourrait donner des idées à la Pologne, la Hongrie et la Lituanie, tentés de durcir le recours à l'IVG. « En temps de crise, la tendance est de revenir à des questions de morale, visant à restreindre les libertés individuelles », dit-il. Y compris dans les pays où l'IVG est légal, les militants s'inquiètent de blocages insidieux (délais, activation de la clause de conscience des médecins, etc.).
LES LOIS RESTENT DISPARATES SUR LE VIEUX CONTINENT
Mais pour lutter, il faut des armes. Et d'armes, l'Europe en manque. Au sein de l'Union, le droit à l'avortement reste une prérogative nationale. Le rejet, début décembre, du rapport Estrela, du nom de l'eurodéputée portugaise voulant faire du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) un droit européen, en témoigne.
En Europe, le principe de « subsidiarité » domine sur le sujet et explique que, quarante ans après la loi Veil en France, les lois restent disparates sur le Vieux Continent. Les nuances sont variées et l'écart entre les textes et la pratique élevé. Mais utilisant les critères des Nations unies, on peut diviser les Etats membres en trois groupes.
Les moins restrictifs, dits « progressistes », regroupent la plupart des Etats membres, dont la France, le Danemark, les Pays-Bas, mais aussi des pays de tradition catholique comme l'Italie ou le Portugal et, jusqu'ici, l'Espagne.
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