Martin Schulz, le président socialiste du Parlement européen, attend ce moment depuis des mois. Mardi 1er octobre, le Parti socialiste européen devait ouvrir l'appel à candidatures dans ses rangs pour la présidence de la Commission européenne après les élections de mai 2014. Les postulants ont jusqu'à la fin octobre pour se déclarer, mais ils ne risquent pas de se bousculer : dans sa formation, l'eurodéputé allemand fait figure de grand favori.
Sondé par le SPD (sociaux-démocrates allemands) pour un éventuel ministère à Berlin, M. Schulz se serait décidé, affirme son entourage, à rester à Bruxelles pour mener une campagne d'un type nouveau. Dans son esprit, le chef de file de la formation qui remportera les élections européennes devra être élu par le Parlement européen pour remplacer José Manuel Barroso. Cette campagne personnalisée et la politisation de la Commission doivent permettre de mobiliser les électeurs, sur fond de montée des populismes. Avec un objectif : tenter de réduire le fossé démocratique qui s'est creusé avec la crise de la zone euro. M. Schulz s'appuie sur le traité de Lisbonne. Le prochain Parlement devra élire le patron de la Commission sur proposition du Conseil européen, lui-même censé tenir compte du résultat du scrutin.
Chaque famille politique est en train de s'organiser pour désigner son chef de file. Chez les libéraux, le président du groupe, le Belge Guy Verhofstadt, ne cache pas ses ambitions, et le commissaire finlandais aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, s'est déclaré candidat dès cet été. Orphelins de Daniel Cohn-Bendit, qui se retire, les Verts vont organiser une primaire sur Internet susceptible de promouvoir la candidature d'un tandem franco-allemand, version écologiste : José Bové et Rebecca Harms, coprésidente du groupe.
UNE COMMISSION POLITISÉE
Le choix est plus incertain dans la principale famille politique, les conservateurs du Parti populaire européen. Les avis divergent encore sur l'opportunité de désigner un candidat pour la présidence de la Commission, même si certains, comme le commissaire au marché intérieur, Michel Barnier, rêvent d'endosser cet habit. "Notre candidat va devoir mener la campagne", observe un commissaire sortant. Mais plusieurs noms de premiers ministres en fonction circulent pour remplacer M. Barroso : le Polonais Donald Tusk, le Finlandais Jyrki Katainen, l'Irlandais Enda Kenny. Or ces personnalités n'ont pas intérêt à dévoiler leur candidature avant le scrutin afin de ne pas affaiblir, en cas d'échec, leur position dans leur pays.
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